Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 7, 1904.pdf/348

Cette page a été validée par deux contributeurs.
340
LA RÉVOLUTION


fixe, par des images incessantes de meurtre et de mort. Au président Phélippes-Tronjolly il dit, à propos des enfants vendéens : « La guillotine, toujours la guillotine[1] ! » À propos des noyades : « Vous autres juges, il vous faut des jugements ; f…-les à l’eau, c’est bien plus simple. » À la Société populaire de Nantes : Tous les riches, tous les marchands sont des accapareurs, des contre-révolutionnaires ; dénoncez-les-moi, et je ferai rouler leurs têtes sous le rasoir national ; dénoncez-moi les fanatiques qui ferment leur boutique le dimanche, et je les ferai guillotiner. » — Quand donc les têtes de ces scélérats commerçants tomberont-elles ? » — « Je vois ici des gueux en guenilles ; vous êtes à Ancenis aussi bêtes qu’à Nantes. Ignorez-vous que la fortune, les richesses de ces gros négociants vous appartiennent, et la rivière n’est-elle pas là ? » — « Mes braves b…, mes bons sans-culottes, il est temps que vous jouissiez à votre tour ; faites-moi des dénonciations ; le témoignage de deux bons sans-culottes me suffira pour faire tomber les têtes des gros négociants. » — « Nous ferons[2] un cimetière de la France plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière. » — Son hurlement continu

  1. Buchez et Roux, XXXIV, 175 (Déposition de Tronjolly), 205 (Déposition de Jeanne Lavigne, marchande ; d’Arnaudan, commissaire civil, et de Corneret, négociant), 179 (Déposition de Villemain) — Berryat-Saint-Prix, 34 : « Carrier, dit le gendarme Desquer qui portait ses lettres, était un lion rugissant plutôt qu’un mandataire du peuple. » — « Il avait l’air à la fois d’un charlatan et d’un tigre, » dit un autre témoin.
  2. Ib. 204 (Déposition de Lamarie).