de toutes les libertés, maître de cinq cent mille vies. Comme une balance sur laquelle tombe un poids disproportionné, sa raison trébuche violemment du côté de l’orgueil. Quelques-uns estiment que leur compétence est sans bornes, comme leurs pouvoirs, et, arrivés de la veille à l’armée[1], ils veulent être, de droit, généraux en chef. « Déclarez officiellement, écrit Fabre au Comité de Salut public[2], qu’à l’avenir les généraux ne seront plus que les lieutenants des délégués de la Convention. » En attendant la déclaration demandée, ils s’arrogent en fait le commandement, et de fait ils l’exercent. « Je ne connais ni généraux ni particuliers, dit aux officiers Gaston, ancien juge de paix ; quant au ministre, c’est un chien dans un jeu de quilles ; seul ici je dois commander, et l’on m’obéira. » — À quoi bon des généraux ? ajoute son collègue Guiter ; les femmes de nos faubourgs en savent autant
- ↑ Souvenirs, par le général de Pelleport, 8. Il est inspecté avec son bataillon à Toulouse, sur la place du Capitole, par le représentant en mission. « Il me semble encore voir cet histrion : il hochait sa tête hideuse et empanachée, et traînait son sabre, comme un soldat en goguette, pour faire croire à sa bravoure. Il me fit peine ! »
- ↑ Fervel, Campagnes, etc… dans les Pyrénées-Orientales, I, 169 (octobre 1793). — Ib., 201, 206. — Cf. 188. Plan de Fabre pour s’emparer de Roses et de Figuières, avec 8000 hommes, sans vivres ni transports : « La fortune est pour les fous, » disait-il. Naturellement l’entreprise échoue, Collioure est perdu et les désastres s’accumulent. En compensation, l’excellent général Dagobert est destitué, le commandant Delattre et le chef d’état-major Ramel sont guillotinés ; devant les ordres impraticables des représentants, le commandant de l’artillerie se suicide. — Sur le dévouement des officiers et sur l’enthousiasme des soldats, cf., ib., II, 105 ; 106, 130, 131, 262.