Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 7, 1904.pdf/297

Cette page a été validée par deux contributeurs.
289
LES GOUVERNANTS


ont donné des gages ; il n’en est pas un qui ne soit révolutionnaire d’ancienne date, régicide impénitent, fanatique par essence et despote par principes ; mais le vin fumeux de la toute-puissance ne les a pas tous enivrés au même degré. — Trois ou quatre, Robert Lindet, Jeanbon-Saint-André, Prieur de la Côte-d’Or et Carnot, se cantonnent chacun dans un office utile et secondaire ; cela suffit pour les préserver à demi. Hommes spéciaux et chargés d’un service nécessaire, ils veulent d’abord que ce service soit accompli ; c’est pourquoi ils subordonnent le reste, même les exigences de la théorie et les cris des clubs. Avant tout, il s’agit, pour Lindet, de nourrir les départements qui n’ont pas de blé et les

    grand exemple ; sans doute, habitués à manier la foudre, c’est à vous qu’il appartient de la diriger encore… Qu’il est beau, citoyens collègues, de pouvoir comme vous, après de longs travaux et une gloire immortelle, qu’il est doux de revenir sous de tels auspices au sein de la Convention nationale ! » (AF II, 36.) — (7 pluviôse an II, lettre aux représentants en mission à Bordeaux, approbation de leurs arrêtés contre les négociants.) « Caché dans l’obscurité de ses complots, le mercantilisme ne peut supporter l’air brûlant et fort de la liberté ; les mœurs de Sparte doivent effrayer la mollesse de Sybaris. » (AF II, 37.) — (Ib., 20 pluviôse, lettre à Prieur de la Marne envoyé à Nantes pour remplacer Carrier.) « Carrier a été peut-être mal entouré, il a eu des formes dures, il a employé des moyens qui ne font pas aimer l’autorité nationale. Dans cette ville, Carrier est usé… Il va partir pour une autre destination. » — (AF II, 36, 21 nivôse, lettre à Fouché, La Porte, Albitte, à Commune-Affranchie, signée Billaud-Varennes et toutes de sa main). « La Convention a, le 1er nivôse, approuvé les arrêtés et toutes les mesures que vous avez prises. Nous ne pouvons rien ajouter à cette approbation. Le Comité de Salut public ramène toutes ses opérations aux mêmes principes ; c’est vous dire qu’il suit toutes les vôtres, qu’il agit avec vous. »


  la révolution. v.
T. VII. — 19