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LA RÉVOLUTION


concert plus édifiant ? Seule en France, la commune de Saint-Donan, dans un district reculé des Côtes-du-Nord, ose demander la restauration du clergé et le fils de Capet pour roi. — Toutes les autres votent à la baguette ; elles ont compris le secret du plébiscite : ce n’est pas un suffrage sincère qu’on leur demande, c’est une manifestation jacobine qu’on leur impose[1]. Effectivement, l’opération entreprise par le club local a été conduite par le club local ; il a battu le rappel autour du scrutin, il y vient en force, il y parle haut, il nomme le bureau, il fait les motions, il rédige le procès-verbal, et les représentants en mission, les commissaires du gouvernement ajoutent au poids de son autorité locale le poids de l’autorité centrale. Dans l’assemblée de Mâcon, « à chaque article, ils ont fait au peuple un discours ; ce discours était suivi d’applaudissements sans nombre et de cris redoublés : Vive la République ! vive la Constitution ! vive le Peuple Français ! » Gare aux tièdes qui ne font point chorus ; on les oblige à voter « à haute

  1. Moniteur, XVII, 375 (séance de la Convention, 11 août 1793). — Discours de Chabot : « Je demande que vous décrétiez que tout homme qui n’a pas paru aux assemblées primaires sans avoir un juste motif d’absence, que tout homme qui a refusé son vœu à la Constitution est inéligible à toutes les fonctions constitutionnelles. » — Ib., p. 50 (séance de la Commune, 4 juillet). Léonard Bourdon demande, au nom de la section des Gravilliers, un registre pour inscrire les acceptants, « afin que l’on connaisse ceux qui n’ont pas voté pour la Constitution ». — Sauzay, IV, 159. M. Boillon, de Belleherbe, est mis en arrestation, « pour avoir été présent à l’assemblée primaire du canton de Vaucluse pour l’acceptation de l’acte constitutionnel, et s’être retiré sans avoir voté ».