membre de l’Académie d’Arras, lauréat de concours, auteur d’éloges littéraires, d’essais moraux, de brochures philanthropiques ; sa petite lampe, allumée, comme cent autres de calibre égal, au foyer de la philosophie nouvelle, eût brillé modérément, sans brûler personne, et répandu sur un cercle de province sa lumière banale, blafarde, proportionnée au peu d’huile que contenait son vase étroit.
Mais la Révolution l’a porté à l’Assemblée Constituante, et, pendant longtemps, sur ce grand théâtre, l’amour-propre, qui est la fibre sensible du cuistre, a cruellement souffert. Dès la première adolescence, le sien avait pâti, et, déjà froissé, n’en était que plus sensible. — Orphelin, pauvre, protégé de son évêque, boursier par faveur au collège Louis-le-Grand, puis clerc avec Brissot dans la basoche révolutionnaire, à la fin échoué dans sa triste rue des Rapporteurs, sur des dossiers de chicane, en compagnie d’une sœur acariâtre, il a pris pour maître de philosophie, de politique et de style Rousseau qu’il a vu une fois et qu’il étudie sans cesse[1]. Probablement, comme tant de jeunes
- ↑ Voir son éloge de Rousseau, dans son discours du 7 mai 1794
membre de la Société des Rosati d’Arras à 24 ans, membre de l’Académie d’Arras à 25 ans ; la Société royale de Metz lui décerne le second prix pour son discours contre le préjugé qui déclare infâmes les parents d’un criminel condamné ; son éloge de Gresset n’est pas couronné par l’Académie d’Amiens. Il lit à l’Académie d’Arras un discours contre les incapacités civiles des bâtards, puis un autre discours sur la réforme de la jurisprudence criminelle. En 1789, il est président de l’Académie d’Arras, publie un éloge de Dupaty et une adresse à la nation artésienne sur les qualités que doivent avoir les futurs députés.