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LE GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


mettra aux électeurs, si bon leur semble, de ramener les députés honnêtes et d’exclure les coquins régnants. Là-dessus, même dans les départements insurgés, le gros de la population girondine[1] se résigne à voter, après beaucoup d’hésitations, tardivement ; à Lyon, dans le Calvados, ce n’est que le 30 juillet. Nombre de constitutionnels ou de neutres ont déjà fait de même, les uns par horreur de la guerre civile et par esprit de conciliation, les autres par crainte de la persécution et pour ne

    Constitution ; eh bien, elle est arrivée. — Le respect des personnes et des propriétés y est-il bien maintenu ? Oui, plus clairement que dans toutes les autres Constitutions. — Renferme-t-elle les moyens de la réformer ? Oui, car nous pouvons, dans six semaines de temps, faire convoquer les assemblées primaires et émettre notre vœu pour la réforme qui paraîtrait nécessaire. — Le vœu du peuple sera-t-il satisfait ? Oui, lui seul fera les lois définitives. »

  1. Guillon de Montléon, I, 282, 309. — Buchez et Roux, XXVIII, 356 et 357 (Journal de Lyon, nos 223 et 224). « L’acceptation de la Constitution n’était ni entière, ni bien sincère ; on se faisait un grand mérite d’adhérer à un ouvrage vicieux et ébauché. » — Meillan, Mémoires, 120 (en juillet, il part de Caen pour Quimper). « Quoiqu’on nous eût assuré que nous ne passerions que par des villes maratistes, nous eûmes la satisfaction de trouver partout la presque totalité des habitants pénétrée d’horreur pour Marat. Ils avaient, à la vérité, accepté la Constitution présentée par le Comité de Salut public, mais uniquement pour en finir et à des conditions qui n’en faisaient pas l’éloge : car partout on avait exigé le renouvellement de la Convention et la punition des attentats commis contre elle. » — Ce vœu et d’autres vœux analogues sont consignés dans les procès-verbaux de beaucoup d’assemblées primaires (Archives nationales, B II, 23), par exemple dans les procès-verbaux de treize cantons du département de l’Ain. On demande en outre la réintégration des Vingt-Deux, l’abolition du Tribunal révolutionnaire, la suppression des proconsulats absolus, l’institution d’une garde départementale pour préserver à l’avenir la Convention, le licenciement de l’armée révolutionnaire, etc.