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LE PROGRAMME JACOBIN


« de l’infanterie dans des arènes préparées exprès ; ils apprennent aussi les manœuvres de la cavalerie et toutes les évolutions militaires. Ils sont distribués aux laboureurs dans le temps de moisson. » À partir de seize ans, « ils entrent dans les arts », chez un laboureur, artisan, négociant ou manufacturier qui devient « leur instituteur » en titre, et chez qui ils sont tenus de rester jusqu’à vingt et un ans, « à peine d’être privés du droit de citoyen pendant toute leur vie[1]… Tous les enfants conserveront le même costume jusqu’à seize ans ; de seize ans jusqu’à vingt et un ans, ils auront le costume d’ouvrier ; de vingt et un à vingt-six ans, celui de soldat, s’ils ne sont pas magistrats. » — Déjà, par un exemple éclatant, nous rendons visibles les conséquences de la théorie ; nous fondons l’École de Mars[2] : nous choisissons dans chaque district six jeunes gens de seize à dix-sept ans et demi, « parmi les enfants des sans-culottes » ; nous les appelons à Paris « pour y recevoir, par une éducation révolutionnaire, toutes les connaissances et les mœurs d’un soldat républicain. Ils seront formés à la frater-

  1. Buchez et Roux, XXXI, 261 (séance du 17 nivôse). Le Comité présente la rédaction définitive des décrets sur l’instruction publique, et la Convention adopte l’article suivant : « Les jeunes gens qui, au sortir des écoles du premier degré d’instruction, ne s’occupent pas du travail de la terre, seront tenus d’apprendre une science, art ou métier utile à la société. » Sinon, arrivés à l’âge de vingt ans, ils seront privés, pour dix ans, des droits de citoyen, et la même peine sera appliquée à leurs père, mère, tuteur ou curateur.
  2. Décret du 13 prairial an II.