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LA RÉVOLUTION


« élèves seront pliés tous les jours et à tous les instants sous le joug d’une règle exacte… Ils seront couchés durement, leur nourriture sera saine, mais frugale, leur vêtement commode, mais grossier. » Point de domestiques ; les enfants se servent eux-mêmes et, en outre, servent les vieillards et les infirmes logés avec eux ou auprès d’eux. « Dans l’emploi de la journée, le travail des mains sera la principale occupation ; tout le reste sera accessoire. » Les filles apprendront à filer, à coudre, à blanchir ; les garçons seront cantonniers, bergers, laboureurs, ouvriers ; les uns et les autres travailleront à la tâche, soit dans les ateliers de l’école, soit dans les champs et les manufactures du voisinage ; on louera leur temps aux industriels et aux cultivateurs des environs. — Saint-Just précise et serre encore davantage[1]. « Les enfants mâles sont élevés depuis cinq jusqu’à seize ans pour la patrie. Ils sont vêtus de toile dans toutes les saisons. Ils couchent sur des nattes et dorment huit heures. Ils sont nourris en commun et ne vivent que de racines, de fruits, de légumes, de laitage, de pain et d’eau. Ils ne mangent point de viande avant seize ans accomplis… Depuis dix jusqu’à seize ans, leur éducation est militaire et agricole. Ils sont distribués en compagnies de soixante ; six compagnies font un bataillon ; les enfants d’un district forment une légion. Ils s’assemblent tous les ans au chef-lieu, y campent et font tous les exercices

  1. Buchez et Roux, XXXV, 229 (Institutions par Saint-Just).