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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


tionnaire sur des cerveaux bruts. — Il y a d’abord les fédérés du Midi, rudes gaillards, anciens soldats ou anciens bandits, déserteurs, bohèmes et sacripants de tout pays et de toute provenance, qui, après avoir travaillé à Marseille ou Avignon, sont venus à Paris pour recommencer. « Triple nom de Dieu, disait l’un d’eux, je ne suis pas venu de 180 lieues pour ne pas f…… 180 têtes au bout de ma pique[1] ! » À cet effet, ils se sont constitués d’eux-mêmes en un corps spécial, permanent, résidant, et ne souffrent pas qu’on les détourne de l’emploi qu’ils se sont donné. « Ils n’écouteront pas les mouvements d’un faux patriotisme[2] » ; ils n’iront pas à la frontière. Leur poste est dans la capitale, ils ont « juré d’y défendre la liberté » ; ni avant, ni après septembre, on ne pourra les en arracher. Quand enfin, après s’être fait payer sur toutes les caisses et sous tous les prétextes, ils consentiront à quitter Paris ; ce sera pour retourner à Marseille, ils n’opèrent qu’à l’intérieur et sur des adversaires politiques. Mais ils n’en sont que plus zélés dans cet office : ce sont eux qui, les premiers, viennent prendre les vingt-quatre prêtres de la mairie, et dans le trajet, de leurs propres mains, commencent

    nombre « n’excédait pas 300 ». Selon Louvet, ils étaient « 200, pas 200 peut-être ». Selon Brissot, les massacres ont été commis « par une centaine de brigands inconnus ». — Pétion, à la Force (ib., 75), ne trouve, le 6 septembre, qu’une douzaine de bourreaux. Selon Mme Roland (II, 35), « ils n’étaient pas 15 à l’Abbaye ». Lavalette, le premier jour, ne trouve à la Force qu’une cinquantaine de massacreurs.

  1. Maton de la Varenne, 137.
  2. Buchez et Roux, XVII, 183, séance des Jacobins du 27 août. Discours d’un fédéré du Tarn. — Mortimer-Ternaux, III, 126.