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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« autre pouvoir[1] » ; partant, ses autres actes, ses mandats d’arrêt, ne sont qu’usurpation et despotisme. D’ailleurs Paris, bien mieux qu’elle, représente la France ; car il est « l’extrait de tous les départements, le miroir de l’opinion[2] », l’avant-garde du patriotisme. « Souvenez-vous du 10 août[3] ; avant cette époque, les opinions étaient partagées dans la république ; mais, à peine avez-vous eu frappé le coup décisif, tout est rentré dans le silence. Ne craignez rien des départements ; avec un peu de terreur et des instructions, nous tournerons les esprits à notre gré. » Des chicaniers s’obstinent à demander la convocation des assemblées primaires. « Est-ce qu’il en a fallu le 10 août ? Et les départements n’ont-ils pas alors approuvé Paris ? Ils feront de même cette fois ; c’est Paris qui les sauve[4]. » — En conséquence, le nouveau gouvernement donne le commandement général de la force armée à un homme sûr, Henriot, l’un des massacreurs de septembre ; puis, par un attentat que la loi déclarait capital, il prescrit de tirer le canon d’alarme ; d’autre part, il fait battre la générale, sonner le tocsin, fermer les barrières ; les administrateurs des postes sont mis en état d’arrestation, les lettres interceptées et ouvertes ; ordre

  1. Buchez et Roux, XXVII, 274. Discours d’Hassenfratz aux Jacobins, 27 mai.
  2. Ib., 346. Discours de Lhuillier à la Convention, 31 mai.
  3. Ib., 302, séance de la Convention, 30 mai. Paroles prononcées par Hassenfratz, Varlet, Chabot et dénoncées par Lanjuinais.
  4. Mme Roland, Appel à l’impartiale postérité. Conversation de Mme Roland, le soir du 31 mai, sur la place du Carrousel, avec un canonnier.