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LA RÉVOLUTION


messagers, qui attendaient l’issue, courent porter la bonne nouvelle à l’Hôtel de Ville, et la Commune célèbre son triomphe par une explosion d’applaudissements.

Mais le lendemain, malgré les terreurs de l’appel nominal et les fureurs de la Montagne, la majorité, par un retour défensif, révoque le décret qui la désarme, et un décret nouveau maintient la commission des Douze. L’opération est donc à refaire ; non pas toute l’opération, car Hébert et les autres détenus restent en liberté, et la majorité qui, par pudeur ou par instinct de conservation, a remis en place sa garde d’avant-poste, consent, par faiblesse ou par espoir de conciliation, à relâcher ses prisonniers. — Elle a donc eu le dessous dans le combat ; partant, ses adversaires encouragés recommencent aussitôt l’attaque, et leur tactique, très simple, est celle qui déjà, le 10 août, leur a si bien réussi.

Il s’agit d’invoquer contre les droits dérivés et provisoires du gouvernement établi le droit supérieur et inaliénable du peuple, et de substituer aux autorités légales, qui par nature sont bornées, le pouvoir révolutionnaire,

    horrible qui dégradait l’Assemblée, nous ne pouvions avoir d’autre boussole, je puis attester que je n’ai ni vu ni entendu mettre aux voix le décret. » — Buchez et Roux, XXVII, 278. Discours d’Osselin, séance du 28 mai : « J’ai présenté ce matin la rédaction du décret à la signature des secrétaires. L’un d’eux, après l’avoir lu, m’a observé que le dernier article n’avait pas été décrété, mais que les articles précédents l’avaient été. » — Mortimer-Ternaux, VII, 562. Lettre du député Michel, 29 mai : « Les gardes ont été forcées, et le sanctuaire des lois investi depuis environ quatre heures jusqu’à dix heures passées, de manière que personne ne pouvait sortir, même pour les besoins les plus pressants. »