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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


mes bons à tuer ; si leurs parents continuent à attaquer[1] ?

Il n’y a plus que cela à faire, car les autres mesures n’ont pas suffi. — En vain la Commune a décrété d’arrestation les journalistes du parti contraire et distribué leurs presses aux imprimeurs patriotes[2]. En vain elle a déclaré incapables de toute fonction les membres du club de la Sainte-Chapelle, les gardes nationaux qui ont prêté serment à La Fayette, les signataires de la pétition des 8000 et de la pétition des 20 000[3]. En vain elle a multiplié les visites domiciliaires jusque dans l’hôtel et les voitures de l’ambassadeur de Venise ; En vain, par des interrogatoires insultants et réitérés, elle tient à sa barre, sous les huées et les cris de mort de ses tribunes, les hommes les plus honorables et les plus illustres, Lavoisier, Dupont de Nemours, le grand chirurgien Desault, les femmes les plus inoffensives et les plus distinguées, Mme de Tourzel, Mlle de Tourzel, la princesse de Lamballe[4]. En vain, après des arrestations prodiguées

  1. Mortimer-Ternaux, III, 99, séances des 15 et 23 août. — Procès-verbaux de la Commune, 18 août : Arrêté pour obtenir une loi qui autorise la Commune « à réunir les femmes et les enfants des émigrés dans des maisons de sûreté, et à employer à cet effet les maisons ci-devant religieuses ».
  2. Procès-verbaux de la Commune, 12 août. — Ib., 18 août. La Commune n’ayant pu mettre la main sur le journaliste Geoffroy, « arrête que les scellés seront apposés chez Mme Geoffroy, qu’elle sera mise en état d’arrestation, jusqu’à ce que son mari vienne la délivrer ».
  3. Procès-verbaux de la Commune, 17 et 18 août. De plus, arrêté pour demander à l’Assemblée nationale la liste des signataires et l’imprimer.
  4. Ib., 18, 19, 20 août. — Le 20 août, la Commune interroge