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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE

VI

Pour cela, ils n’ont qu’à faire dans toutes les sections à la fois ce qu’ils ont coutume de faire dans chaque section prise à part : substitués ainsi par force et par fraude au peuple véritable, ils pourront dresser devant la Convention le fantôme de la réprobation populaire. — De la municipalité qui siège à l’Hôtel de Ville et du conciliabule central qui se tient à l’Évêché partent des émissaires qui, au même instant, présentent la même adresse dans toutes les sections de Paris[1] : « Voici une pétition qu’il faut signer. — Lisez-la. — Inutile, elle est déjà adoptée par la majorité des sections. » — Ce mensonge réussit auprès de quelques-unes, où plusieurs signent de bonne foi, sans lire. Dans plusieurs, on lit et on refuse de signer ; dans d’autres, on lit et l’on se contente de passer à l’ordre du jour. Qu’arrive-t-il ? Les intrigants et les meneurs demeurent, jusqu’à ce que les bons citoyens se soient retirés ; alors, maîtres de la délibération, ils décident qu’il faut signer la pétition, et ils la signent. Le lendemain, quand les citoyens arrivent à la section, on leur présente la pétition à signer, et on se

  1. Buchez et Roux, XXVI, 3. Adresse rédigée par les commissaires des 48 sections, approuvée par 35 sections et par la Commune, et présentée à la Convention, le 15 avril. — Elle a été précédée de plusieurs autres, lancées comme ballons d’essai. — Ib., XXV, 319. Pétition de la section Bon-Conseil, 8 avril. — XXV, 320. Pétition de la section de la Halle-au-Blé, 10 avril.