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LA RÉVOLUTION


et de précipitation, les Girondins, partis des mêmes principes que la Montagne, marchent vers le même but que la Montagne ; c’est pourquoi le préjugé sectaire amollit en eux les répugnances morales ; dans le secret de leur cœur, l’instinct révolutionnaire conspire avec leurs ennemis, et, en mainte occasion, ils se trahissent eux-mêmes. — Par ces défaillances diverses et multipliées, d’une part, la majorité diminue jusqu’à ne plus réunir que 279 voix contre 228[1] ; d’autre part, à force de reculades, elle livre, un à un, aux assiégeants, tous les postes dominants de la citadelle publique, en sorte qu’au premier assaut elle n’aura plus qu’à fuir ou à crier merci.

IV

Elle s’est voté en principe une garde départementale, et, devant les protestations de la Montagne, elle n’a pas osé convertir son principe en fait. — Elle a été protégée pendant six mois et sauvée le 10 mars par l’assis-

    de livres approuvés par le corps législatif. Un catéchisme, aussi simple que court, dressé par le corps législatif, sera enseigné, et tout garçon devra le savoir par cœur. » — Sur les sentiments des Girondins à l’égard du christianisme, voyez vol. V, livre II, ch. III, et vol. VI, livre III, ch. III. — Sur les moyens d’égaliser les fortunes, articles de Rabaut-Saint-Étienne (Buchez et Roux, XXIII, 467). — Ib., XXIV, 475 (7-11 mars), décret abolissant le droit de tester. — Condorcet, dans son Tableau des progrès de l’esprit humain, assigne aussi pour but à la société le nivellement des conditions. — Sur la propagande à l’étranger, lire le rapport de Cambon (15 décembre). Ce rapport passe à la presque unanimité, et Buzot l’aggrave par un amendement (Moniteur, XIV, 761).

  1. Buchez et Roux, XXVII, 287, séance du 28 mai, vote sur le maintien de la commission des Douze.