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LA RÉVOLUTION


« les nobles et les prêtres, et les uns et les autres ne sont plus. Il a constamment crié qu’il fallait abattre la liste civile, et la liste civile a été supprimée. Enfin, logé dans la maison de Louis XVI, il lui a dit, à son nez et à sa barbe, qu’il fallait lui couper la tête, et la tête de Louis XVI est tombée. » — Voilà, en abrégé, l’histoire et le portrait de tous les autres ; rien d’étonnant si les vrais Jacobins entendent la révolution à la façon de M. Saule[1], si, pour eux, la seule Constitution

  1. Buchez et Roux, XXV, 156 (extrait du Patriote français, 30 mars 1793). Discours de Chasles aux Jacobins, 27 mars : « Nous avons annoncé aux citoyens des campagnes que, par le moyen de la taxe de guerre, les pauvres seraient nourris par les riches, et qu’ils trouveraient dans les portefeuilles des égoïstes de quoi subvenir à leurs besoins. » — Ib., 269. Discours de Rose Lacombe aux Jacobins : « Il faut s’assurer des aristocrates, les faire marcher au-devant des ennemis que Dumouriez amène sur Paris ; nous leur signifierons que, s’ils trahissent, leurs femmes et leurs enfants seront égorgés, et leurs propriétés incendiées… Je ne veux pas que les patriotes sortent, je veux qu’ils gardent Paris ; et, si nous succombons, le premier qui hésitera à mettre le feu sera poignardé à l’instant. Je veux que les propriétaires, qui ont tout accaparé pour exaspérer le peuple, tuent les tyrans ou qu’ils périssent. » (Applaudissements. — 3 avril.) — Ib, 302 (Convention, 8 avril : « Marat demande que 100 000 parents et amis des émigrés soient pris en otages pour la sûreté des commissaires livrés à l’ennemi. » — Cf. Balleydier, III, 122. À Lyon, le 26 janvier 1793, Châlier disait au club central : « Sans-culottes, réjouissez-vous, le sang du tigre royal a coulé en vue de sa tanière ; mais le peuple n’a pas fait justice entière, il y a parmi vous encore 500 têtes qui méritent le sort du tyran. » — Il propose (5 février) un tribunal révolutionnaire pour juger révolutionnairement les gens arrêtés : « C’est le seul moyen d’en imposer à tous les factieux royalistes et aristocrates, le seul moyen raisonnable de venger la souveraineté des braves sans-culottes, qui n’appartient qu’à nous. » Hydens, commissaire national, ajoute : « Périssent cent mille fois les