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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« par hasard, caché dans vos cabinets quelque prêtre réfractaire, quelque Autrichien, quelque Prussien ? — Fi, fi, nous ne recevons que des sans-culottes[1]. » — Avec elles, les voleuses et les prostituées que les septembriseurs, au Châtelet et à la Conciergerie, ont élargies, puis enrôlées en septembre, font, sous le commandement d’une « vieille barboteuse », nommée Rose Lacombe[2], le public ordinaire de la Convention ; aux grands jours, on en compte sept ou huit cents, parfois deux mille, dès neuf heures du matin, à la porte et dans les galeries[3]. — Mâle et femelle, « la vermine antisociale[4] » grouille ainsi aux séances de l’Assemblée, de la Commune, des Jacobins, du Tribunal révolutionnaire, des sections, et on imagine les physionomies. — « Il semblait, dit un député[5], qu’on eût cherché dans tous les dégorgeoirs de Paris et des grandes villes ce qu’il y avait partout de plus sale, de plus hideux, de plus infect… De vilaines figures terreuses, noires ou couleur de cui-

  1. E. et J. de Goncourt, la Société française pendant la Révolution (d’après le Courrier de l’égalité, juillet 1793).
  2. Buzot, 72.
  3. Moore, 10 novembre 1792 (d’après un article de la Chronique de Paris). — Le jour où Robespierre présenta son apologie, « les tribunes contenaient sept à huit cents femmes et deux cents hommes au plus. Robespierre est un prêtre qui a ses dévotes. » — Mortimer-Ternaux, VII, 552 (lettre du député Michel, 20 mai 1793) : « Deux ou trois mille femmes, organisées et enrégimentées par la Société fraternelle séante aux Jacobins, ont commencé leur tintamarre, qui a duré jusqu’à six heures, qu’il a fallu lever la séance. La plupart de ces créatures sont des filles publiques. »
  4. Expression de Gadolle dans ses lettres à Roland.
  5. Buzot, 57.