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LA RÉVOLUTION


opprimés ont crié vers lui, vers « le ministre patriote, ennemi prononcé de l’anarchie », vers « le bon et incorruptible ministre de l’intérieur… à qui on n’a pu reprocher que le bon sens de sa femme », et il n’a su leur envoyer pour réponse que des dissertations et des condoléances : « Gémir sur les événements qui désolent le département, dire que les administrations sont vraiment utiles quand elles préviennent les maux, que c’est une triste nécessité d’être réduit à chercher des remèdes, leur recommander une surveillance plus active[1]. » — « Gémir, et trouver des consolations dans les observations en la lettre » qui annonce quatre assassinats, mais fait observer que « les victimes immolées étaient des antirévolutionnaires[2] ». Il a dialogué par écrit avec des municipalités de village et donné des leçons de droit constitutionnel à des communautés de casseurs de grès[3]. — Mais, sur ce terrain, il a été battu

  1. Archives nationales, F7, 3195. Lettre des administrateurs des Bouches-du-Rhône, 29 octobre, et réponse en marge du ministre.
  2. Ib., F7, 3249. Lettre des administrateurs de l’Orne, 7 septembre, et réponse en marge du ministre.
  3. Ib., F7, 3249. Correspondance avec la municipalité de Saint-Firmin (Oise). Lettre de Roland, 3 décembre : « J’ai lu la lettre que vous m’avez adressée le 25 du mois dernier… et, je ne dois pas vous le dissimuler, c’est avec douleur que j’y ai trouvé des principes destructifs de tout lien de subordination envers les autorités constituées, des principes tellement erronés que, du moment où les communes les adopteraient, toute forme de gouvernement serait impossible et la société serait dissoute. En effet, la commune de Saint-Firmin a-t-elle pu se persuader qu’elle était le souverain, ainsi qu’elle-même l’annonce, et les citoyens qui la composent ont-ils oublié que le souverain est la nation entière, et non la 44 000e partie du tout ; que Saint-Firmin n’est que cette fraction, qui a contribué à revêtir les députés à la