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LA RÉVOLUTION


« l’incendie des barrières, dans l’incendie des châteaux », dans la panique universelle qui a soulevé la France contre des bandits imaginaires. « Toutes ces opérations, dit Malouet, ont été payées par le duc d’Orléans ; » il y concourait « pour son compte, et les Jacobins pour le leur ». — À présent, leur alliance éclate à tous les yeux : le 21 novembre 1790, Laclos devient le secrétaire de la Société, le chef de la correspondance, le directeur en titre du journal, le directeur occulte, effectif et permanent de toutes les manœuvres. Ambitieux et démagogues, agents soldés et révolutionnaires convaincus, chacun des deux groupes travaille pour lui-même ; mais tous les deux travaillent de concert, dans la même voie, à la même œuvre, qui est la conquête du pouvoir par tous les moyens.

V

Au premier regard, leur succès semble douteux ; car ils ne sont qu’une minorité, une minorité bien petite. — Révolutionnaires de toute nuance et de tout degré, Girondins ou Montagnards, à Besançon, en novembre 1791, sur plus de trois mille électeurs, on n’en trouve en tout que cinq on six cents, et, en novembre 1792, sur six à sept mille électeurs, pas davantage[1]. — À Paris, en novembre 1791, sur plus de quatre-vingt-un mille inscrits, ils sont six mille sept cents ; en octobre 1792,

  1. Sauzay, II, 79. Élection de la municipalité, 15 novembre 1791. — II, 221, Élection du maire, novembre 1792. Le candidat des demi-modérés eut 237 voix, et celui des sans-culottes, 310.