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LA RÉVOLUTION


« tions de cette espèce… Composé de gens échauffés et incendiaires qui aspirent à gouverner L’État, » partout le club tend « à s’emparer de l’esprit populaire, à contrecarrer les municipalités, à se mettre entre elles et le peuple », à usurper les pouvoirs légaux, à devenir « un colosse de despotisme ». — Vaines réclamations : l’Assemblée nationale, toujours alarmée pour elle-même, couvre les sociétés populaires de sa faveur ou de son indulgence. « Il faut, avait dit un journal du parti, que le peuple se forme en petits pelotons. » Un à un, pendant deux ans, les pelotons se sont formés ; il y a maintenant dans chaque bourgade une oligarchie de clocher, une bande enrégimentée et gouvernante. Pour que ces bandes éparses fassent une armée, il ne leur reste plus qu’à trouver un centre de ralliement et un état-major. Ce centre est formé depuis longtemps : cet état-major est tout prêt ; l’un et l’autre sont à Paris, dans la Société des Amis de la Constitution.

IV

En effet, il n’y a pas en France de Société plus autorisée ni plus ancienne ; née avant la Révolution, elle date du 30 avril 1789[1]. — À peine arrivés à Versailles, les députés de Quimper, d’Hennebon et de Pontivy, qui, dans les États de Bretagne, avaient appris la nécessité de concerter leurs votes, ont loué une salle en commun,

  1. Lettres (manuscrites) de M. Boullé, député de Pontivy, à ses commettants (1er  mai 1789).