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LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


nale, seront toujours des Jacobins. Le 11 juillet[1], par la déclaration que la patrie est en danger, ils ont constitué les corps administratifs, puis les quarante-huit sections de Paris, en permanence : c’est livrer les corps administratifs et les quarante-huit sections de Paris à la minorité jacobine qui, par zèle, sera toujours présente et sait les moyens de se transformer en majorité. — Car suivez les conséquences et voyez le triage opéré par le double décret. Ce ne sont pas les gens occupés et rangés qui viendront tous les jours et toute la journée aux séances. D’abord ils ont trop à faire à leur bureau ; à leur boutique, à leur établi, pour perdre ainsi leur temps. Ensuite ils ont trop de bon sens, de docilité et d’honnêteté peur entreprendre, à l’Hôtel de Ville, de régenter leurs magistrats et pour croire, dans leur section, qu’ils sont le peuple souverain. D’ailleurs la clabauderie les dégoûte ; enfin, en ce moment, les rues de Paris, surtout le soir, ne sont pas sûres ; la politique en plein vent y multiplie les bagarres et les coups de canne. Aussi bien, depuis longtemps, on ne les voit plus aux clubs ni dans les tribunes de l’Assemblée nationale ; on ne les verra pas davantage aux séances de la municipalité ni aux assem-

    (rapport de Leroux, officier municipal). Dans la nuit du 9 au 10 août, le conseil municipal de Paris délibère sous les menaces de mort et les cris furieux des tribunes.

  1. Duvergier, Collection des lois et décrets, 4, 5-8 juillet, 11-12 juillet, 25-28 juillet. — Buchez et Roux, XVI, 250. La section du Théâtre-Français (Danton, président, Chaumette et Momoro, secrétaires) interprète ainsi la déclaration de la partie en danger : « Après que la patrie a été déclarée en danger par les représentants du peuple, le peuple se trouve naturellement ressaisi de la souveraine surveillance. »