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LA RÉVOLUTION


brise aux mains du roi ses instruments. Si honorables et inoffensifs que soient ses nouveaux ministres, ils ne comparaissent dans l’Assemblée que pour être hués par les tribunes. Isnard, désignant du doigt le principal d’entre eux, s’écrie : « Voici un traître[1] ! » Tous les attentats populaires leur sont imputés à crime, et Guadet déclare que, « comme conseillers du roi, ils sont solidaires des troubles » que pourrait exciter le double veto[2]. Non seulement la faction les déclare coupables des violences qu’elle provoque, mais encore elle demande leur vie pour expier les meurtres qu’elle commet. « Apprenez à la France, dit Vergniaud, que désormais les ministres répondent sur leurs têtes de tous les désordres dont la religion est le prétexte. » — « Le sang qui vient de couler à Bordeaux, dit Ducos, doit retomber sur le pouvoir exécutif[3]. » La Source propose de « punir de

    Tuileries que ce jour-là ; car les courtisans avaient pris la fuite… Le bonnet rouge a honoré la tête de Louis XVI ; ce devrait être sa couronne. » À ce moment solennel, le roi a fraternisé avec le peuple, et « le lendemain, c’est le même roi qui trahit, qui calomnie, qui déshonore le peuple ! » — Le galimatias de Manuel dépasse tout ce qu’on peut imaginer : « Dès lors s’élève dans les lambris du Louvre, au confluent de la liste civile, un autre canal qui creuse dans les ténèbres un cachot à Pétion… Le département, en frappant la municipalité, explique comment, dans la fête de la Loi, il représentait la Loi sous la figure d’un crocodile, » etc.

  1. Moniteur, XIII, 93, séance du 9 juillet. — 27, séance du 2 juillet.
  2. Ib., XII, 751, séance du 24 juin. XIII, 33, séance du 3 juillet.
  3. Ib., XIII, 224, séance du 23 juillet. Deux prêtres insermentés venaient d’être massacrés à Bordeaux, et leurs têtes promenées sur des piques. Ducos ajoute : « Depuis que le pouvoir exécutif a