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CHAPITRE III

I. Politique de l’Assemblée. — État de la France à la fin de 1791. — Impuissance de la loi. — II. L’Assemblée hostile aux opprimés et favorable aux oppresseurs. — Décrets contre la noblesse et le clergé. — Amnistie aux déserteurs, aux galériens et aux bandits. — Maximes anarchiques et niveleuses. — III. La guerre. — Dispositions des puissances étrangères. — Répugnances du roi. — Provocations des-Girondins. — Date et causes de la rupture. — IV. Motifs secrets des meneurs. — Leur ascendant compromis par la paix. — Mécontentement de la classe aisée et cultivée. — Formation et accroissement du parti de l’ordre. — Rapprochement du roi et de ce parti. — V. Effet de la guerre sur la plèbe. — Ses alarmes et sa fureur. — Le second accès de révolution et ses caractères. — Alliance des Girondins et de la populace. — Le bonnet rouge et les piques. — Substitution universelle du gouvernement de la force au gouvernement de la loi.

I

Si les députés qui, le 1er  octobre 1791, juraient la Constitution avec tant de solennité et d’enthousiasme avaient voulu ouvrir les yeux, ils auraient vu que, sur tous les points du territoire, cette Constitution était incessamment violée dans sa lettre et dans son esprit. Selon l’usage et par amour-propre d’auteur, le dernier président de la Constituante, M. Thouret, venait, dans