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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


« des troupes étrangères ? Ce projet dénote son intention… : il voulait allumer la guerre civile ». — « Tous les malheurs de Marseille ont dû leur origine à l’intelligence secrète des ministres avec les ennemis de l’État. » — Enfin voilà la municipalité obligée d’évacuer les forts ; mais elle est bien décidée à ne pas les rendre, et, le lendemain du jour où elle a reçu le décret de l’Assemblée, elle imagine de les démolir. — Le 17 mai, deux cents ouvriers, payés d’avance, commencent la destruction. Pour la forme et par un faux semblant de déférence, la municipalité, à onze heures du matin, se transporte sur les lieux et leur dit de cesser. Mais, elle partie, ils continuent, et, à six heures du soir, elle décide que « pour empêcher la démolition entière de la citadelle, il est convenable d’autoriser celle de la partie qui regarde la ville ». — Le 18 mai, le club jacobin, agent, complice et conseil de la municipalité, oblige les particuliers à contribuer aux frais de la démolition, « envoie dans tous les domiciles et auprès des syndics de tous les corps pour exiger leur quote-part et faire signer un écrit par lequel tous les citoyens paraissent avouer la conduite de la municipalité et l’en remercier… Il a fallu signer, payer et se taire : malheur à qui aurait refusé ! » — Le 20 mai, la municipalité ose bien écrire à l’Assemblée nationale que « cette citadelle menaçante, ce monument odieux d’un despotisme superbe va rentrer dans le néant » ; et, afin de justifier sa désobéissance, elle fait remarquer que « l’amour de la patrie est pour les

  la révolution. ii.
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