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LA RÉVOLUTION


veut que tous les soirs l’autorité militaire lui remette les clefs de la ville, et, quelques mois après, la garde nationale, jointe aux soldats révoltés, s’empare de la citadelle, ainsi que du Commandant Livarot. À Toulon, le commandant de l’arsenal, M. de Rioms, et plusieurs officiers de marine sont mis au cachot. À Montpellier, la citadelle est surprise, et le club écrit à l’Assemblée nationale pour en demander la démolition. À Valence, le commandant, M. de Voisins, qui veut se mettre en défense, est massacré, et désormais c’est la municipalité qui donne les ordres à la garnison. À Bastia, le colonel de Rully tombe sous une grêle de balles, et la garde nationale s’empare de la citadelle et du magasin à poudre. — Ce ne sont pas là des échauffourées passagères : au bout de deux ans, le même esprit d’insubordination se retrouve partout[1]. En vain les commissaires de l’Assemblée nationale veulent faire sortir de Metz le régiment de Nassau : Sedan refuse de le recevoir ; Thionville déclare que, s’il vient, elle lèvera les ponts ; Sarrelouis menace, s’il approche, de tirer ses canons. À Caen, ni la municipalité ni le directoire n’osent appliquer la loi qui remet le château aux troupes de ligne ; la garde nationale refuse d’en sortir et défend au directeur de l’artillerie d’y inspecter les munitions. — En cet état des choses, un gouvernement subsiste encore de nom, mais non plus de fait ; car il n’a plus les moyens

  1. Mercure de France, Rapport de M. Emmery, séance du 21 juillet 1790, no du 31 juillet. — Archives nationales, F7, 3200. Lettre du directoire du Calvados, 26 septembre et 20 octobre 1791.