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L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE ET SON ŒUVRE


opprimés, résistons et levons-nous en armes. — Selon le législateur, « la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ». Allons à l’hôtel de ville, interrogeons nos magistrats tièdes ou suspects, surveillons leurs séances, vérifions s’ils poursuivent les prêtres et s’ils désarment les aristocrates, empêchons les de machiner contre le peuple, et faisons marcher ces mauvais commis. — Selon le législateur, « tous les citoyens ont le droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à la formation de la loi ». Ainsi, plus d’électeurs privilégiés par leurs trois francs de contribution ; à bas la nouvelle aristocratie des citoyens actifs ; restituons à deux millions de prolétaires le droit de suffrage que la Constitution leur a frauduleusement dérobé. — Selon le législateur, « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Par conséquent, que nul ne soit exclu de la garde nationale ; à tous, même aux indigents, une arme, pique ou fusil, pour défendre leur liberté. — Aux termes mêmes de la Déclaration, « il n’y a plus ni vénalité ni hérédité d’aucun office public ». Ainsi la royauté héréditaire est illégitime : allons aux Tuileries et jetons le trône à bas. — Aux termes mêmes de la Déclaration, « la loi est l’expression de la volonté générale ». Écoutez ces clameurs de la place publique, ces pétitions qui arrivent de toutes les villes : voilà la volonté générale qui est la loi vivante et qui abolit la loi écrite. À ce titre, les meneurs de quelques clubs de Paris déposeront le roi, violenteront l’Assemblée législa-