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LA RÉVOLUTION


comble[1] », leurs maîtres obligés de s’enfuir, et il y a tant d’émeutes dans le département, que le directoire n’a pas le temps de rendre compte de celles-ci au ministre. Des districts entiers sont soulevés ; comme, « dans chaque commune, tous les habitants sont complices, il ne se trouve pas de témoins pour asseoir une procédure criminelle, et le délit reste impuni ». Dans le canton de Cabrerets, on exige la restitution des rentes foncières jadis perçues et le remboursement des frais payés depuis vingt ans. La petite ville de Lauzerte est envahie par les milices environnantes, et ses habitants désarmés restent à la discrétion du faubourg, qui est jacobin. Pendant trois mois, dans le district de Figeac, « toutes les maisons des ci-devant nobles sont saccagées et incendiées » ; puis ou s’en prend aux pigeonniers « et à toutes les maisons de campagne qui ont un peu d’apparence ». Des troupes de va-nu-pieds « entrent chez les gens aisés, médecins, avocats, marchands, enfoncent les portes des caves, boivent le vin », et se démènent en conquérants ivres. En plusieurs communes, ces expéditions sont devenues une coutume ; ou y trouve « un très grand nombre d’individus qui ne vivent que de rapines », et le club leur donne l’exemple. Depuis six mois, au chef-lieu, une

  1. Archives nationales, F7, 3223. Lettres de M. Brisson, commissaire des classes de la marine à Souillac, 2 février 1792 ; du directoire du département, 14 mars 1792. — Pétition des frères Barrié (avec pièces à l’appui), 11 octobre 1791. — Lettre du procureur-syndic du département, 4 avril 1792. — Rapport des commissaires envoyés dans le district de Figeac, 5 janvier 1792. — Lettre des administrateurs du département, 27 mai 1792.