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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


reconnaissance, une médaille ; toutes prennent le nom de pouvoir exécutif, déclarent qu’elles agissent de leur propre autorité et qu’il faut « brusquer la loi ». Leur prétexte est la protection des prêtres jureurs, et, pendant vingt mois, à partir d’avril 1791, elles opèrent à cet effet, « avec de gros bâtons noueux hérissés de pointes de fer », sans compter les sabres et les baïonnettes[1]. Ordinairement leurs expéditions sont nocturnes. Tout d’un coup les maisons « des citoyens suspectés d’incivisme », des ecclésiastiques insermentés, des frères des Écoles chrétiennes sont envahies ; tout est brisé ou volé ; ordre au propriétaire de vider le pays dans les vingt-quatre heures ; quelquefois, sans doute par un surcroît de précaution, il est assommé sur place. Du reste, la bande travaille aussi de jour et dans les rues, fustige les femmes, entre, sabre en main, dans les églises, chasse l’insermenté de l’autel, le tout au su et au vu des autorités, paralysées ou complaisantes, par une sorte de gouvernement occulte et complémentaire qui, non seulement comble les lacunes de la loi ecclésiastique, mais encore fouille dans les bourses des particuliers. — À Nîmes, sous la conduite d’un maître à

  1. Archives nationales, F7, 3217. Lettres du curé d’Uzès, 29 janvier 1792 ; du curé d’Alais, 5 avril 1792 ; des administrateurs du Gard, 28 juillet 1792 ; du procureur-syndic, M. Griolet, 2 juillet 1792 ; de Castanet, ancien gendarme, 25 août 1792 ; de M. Griolet, 28 septembre 1792. — Ib., F7, 3223. Pétition par MM. Thuéri et Devès, au nom des opprimés de Montpellier, 17 novembre 1791 ; lettre des mêmes au ministre, 28 octobre 1791 ; lettre de M. Dupin, procureur-Syndic, 22 août 1791 ; arrêté du département, 9 août 1791 ; pétition des habitants de Cournonterral, 25 août 1791.