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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


cherchent un refuge dans les villes. Mais là aussi une jacquerie les attend. — À mesure que les effets de la Constitution se sont développés, les administrations renouvelées sont devenues plus faibles ou plus partiales ; la populace lâchée est devenue plus excitable et plus violente ; le club intronisé est devenu plus soupçonneux et plus despotique. C’est lui qui désormais, à travers ou par-dessus les administrations, conduit la populace, et les nobles vont la trouver aussi hostile que leurs paysans. Tous leurs cercles, même libéraux, sont fermés, comme celui de Paris, par l’intervention illégale du peuple attroupé ou par l’intervention inique des magistrats populaires. Toutes leurs associations, même légales et salutaires, sont brisées par la force brutale ou par l’intolérance municipale. On les punit d’avoir songé à se défendre, et on les tue parce qu’ils essayent de se dérober au couteau. — Trois ou quatre cents gentilshommes, menacés dans leurs terres, ont cherché, avec leurs familles, un asile à Caen[1] ; et ils ont cru l’y trouver, car, par trois arrêtés successifs, la municipalité leur a promis aide et protection. Par malheur, le club est d’un

  1. Archives nationales, F7, 3200. Pièces concernant l’affaire du 5 novembre 1791 et les événements précédents ou suivants, entre autres : Lettres du directoire et du procureur-syndic du département ; Pétition et Mémoire pour les détenus ; Lettres d’un témoin, M. de Morant. — Moniteur, X, 356. Procès-verbal de la municipalité de Caen, et du directoire du département, XI, 164, 206. Rapport de Guadet et pièces du procès. — Archives nationales, ib. — Lettres de M. Cahier, ministre de l’intérieur, 26 janvier 1792, de M. Doulcet de Pontécoulant, président du directoire du département, 3 février 1792. — Proclamation du directoire.