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LA RÉVOLUTION


contestants, c’est le tribunal civil qui décide. Ainsi la hiérarchie catholique est brisée, le supérieur ecclésiastique a la main forcée ; s’il délègue encore le caractère sacerdotal, c’est pour la forme ; du curé à l’évêque, la subordination cesse, comme elle a cessé de l’évêque au pape, et l’Église de France devient presbytérienne. — En effet, comme dans les Églises presbytériennes, c’est maintenant le peuple qui choisit ses ministres : l’évêque est nommé par les électeurs du département, le curé par les électeurs du district, et, par une aggravation extraordinaire, ces électeurs ne sont pas tenus d’appartenir à sa communion. Peu importe que l’assemblée électorale contienne, comme à Nîmes, à Montauban, à Strasbourg, à Metz, une proportion notable de calvinistes, de luthériens et de juifs, ou que sa majorité, fournie par le club, soit notoirement hostile au catholicisme et même au christianisme. Elle choisira l’évêque et le curé ; le Saint-Esprit est en elle et, dans les tribunaux civils, qui, en dépit de toute résistance, peuvent installer ses élus. — Pour achever la dépendance du clergé, il est défendu à tout évêque de s’absenter quinze jours sans la permission du département, à tout curé de s’absenter quinze jours sans la permission du district, même pour assister son père mourant, pour se faire tailler de la pierre. Faute d’autorisation, son traitement est suspendu ; fonctionnaire et salarié, il doit ses heures de bureau, et quand il voudra quitter son poste, il ira prier ses chefs de l’hôtel de ville pour obtenir d’eux un congé[1]. — À

  1. Moniteur, séance du 31 mai 1790. Robespierre demande à mots