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LA RÉVOLUTION


« nauté, le sacrifice de nos vies à celui de notre état… Ce langage n’est pas celui de quelques-unes de nos sœurs, mais de toutes absolument. L’Assemblée nationale a assuré les droits de la liberté : voudrait-elle en interdire l’usage aux seules âmes généreuses qui, brûlant du désir d’être utiles, ne renoncent au monde que pour rendre plus de services à la société ? » — « Le peu de commerce que nous avons avec le monde, écrit une autre communauté, fait que notre bonheur est inconnu. Mais il n’en est pas moins vrai ou moins solide. Nous ne connaissons parmi nous ni distinctions, ni privilège ; nos biens et nos maux sont communs. N’ayant qu’un seul cœur et qu’une seule âme,… nous protestons devant la nation, en face du ciel et de la terre, qu’il n’est donné à aucun pouvoir de nous arracher l’amour de nos engagements, et que nous les renouvelons, ces engagements, avec encore plus d’ardeur que nous ne les fîmes à notre profession[1]. » — Beaucoup de communautés n’ont pour subsister que le travail de leurs doigts et le revenu des petites dots qu’on apporte en y entrant ; mais la sobriété et l’économie y sont telles, que la dépense totale de chaque religieuse ne dépasse pas 250 livres par an. « Avec 4400 livres de revenu net, disent les Annonciades de Saint-Amour, nous vivons trente-trois reli-

  1. Sauzay, I, 247. Sur 377 religieuses du Doubs, 358 préfèrent rester dans leur état, notamment à Pontarlier toutes les Bernardines. Annonciades et Ursulines, à Besançon toutes les Carmélites, Visitandines, Annonciades, Clarisses, sœurs du Refuge, religieuses du Saint-Esprit, et, sauf une, toutes les Bénédictines.