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L’ANCIEN RÉGIME


« la peine et la douleur. » — Pourquoi le Tiers paye-t-il seul pour les routes sur lesquelles la noblesse et le clergé roulent en carrosse ? Pourquoi les pauvres gens sont-ils seuls astreints à la milice ? Pourquoi « le subdélégué ne fait-il tirer que les indéfendus et ceux qui n’ont pas de protections » ? Pourquoi suffit-il d’être le domestique d’un privilégié pour échapper au service ? — Détruisez ces colombiers qui n’étaient autrefois que des volières et qui maintenant renferment parfois jusqu’à 5000 paires de pigeons. Abolissez les droits barbares de « motte, quevaise et domaine congéable, sous lesquels plus de cinq cent mille individus gémissent encore en Basse-Bretagne ». — « Vous avez dans vos armées, sire, plus de trente mille serfs franc-comtois » ; si l’un d’eux devient officier et quitte le service avec une pension, il faut qu’il aille vivre dans la hutte où il est né ; sinon, lorsqu’il mourra, le seigneur prendra son pécule. Plus de prélats absents, ni d’abbés commendataires. « Ce n’est point à nous à payer le déficit actuel, c’est aux évêques, aux bénéficiers ; retranchez aux princes de l’Église les deux tiers de leurs revenus. » — « Que la féodalité soit abolie. L’homme, le paysan surtout, est tyranniquement asservi sur la terre malheureuse où il languit desséché… Il n’y a point de liberté, de prospérité, de bonheur, là où les terres sont serves… Abolissons les lods et ventes, maltôte bursale et non féodale, taxe mille fois remboursée aux privilégiés. Qu’il suffise à la féodalité de son sceptre de fer, sans qu’elle y