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OBJET ET MÉRITES DU SYSTÈME


« pline là où je maintiendrai la liberté. C’est là, je crois, la manière de reconnaître la souveraineté du peuple. » — Or, en France, à cette époque, il y a deux groupes manifestes de désirs prépondérants, l’un qui date de dix ans, l’autre qui date d’un siècle et davantage : il s’agit de les contenter, et le prévoyant constructeur, qui évalue juste leur portée, combine à cet effet les proportions, l’aménagement, la distribution, toute l’économie intérieure de son édifice.

II

Le premier de ces deux besoins est urgent, presque physique. Depuis dix ans le gouvernement ne fait plus son office, ou fait le contraire de son office ; tour à tour ou à la fois, son impuissance et son injustice ont été déplorables ; il a commis ou laissé commettre trop d’attentats contre les personnes, les propriétés et les consciences ; en somme, la Révolution n’a été que cela, et il est temps que cela finisse. Sûreté et sécurité pour les consciences, les propriétés, les personnes, voilà maintenant le cri unanime qui vibre le plus haut dans tous les cœurs[1]. — Pour l’apaiser, bien des nouveautés sont requises ; d’abord la concentration politique et administrative qu’on a décrite, tous les pouvoirs du centre ras-

  1. Stanislas de Girardin, Mémoires, I, 273 (22 thermidor an X) : « La France, agitée pendant plusieurs années, n’a plus qu’un besoin, qu’un sentiment, le repos. Tout ce qui pourra le lui garantir aura son assentiment : ses habitants, accoutumés à se mêler activement à toutes les questions politiques, paraissent