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LE DÉFAUT ET LES EFFETS DU SYSTÈME


son de confier au conseil du département le soin de répartir les impôts directs entre les arrondissements, et au conseil d’arrondissement le soin de répartir les impôts directs entre les communes : de cette façon, il s’épargne un grand embarras, et il n’y a pas de procédé plus efficace pour établir la répartition équitable ; pareillement encore, il fait très bien de choisir le maire plutôt que tout autre pour exécuter les petites besognes publiques que nul autre ne peut faire aussi vite et aussi correctement, avec aussi peu de dérangement, de frais et d’erreurs, constatations légales, tenue de l’état civil, affichage des lois et règlements, transmission aux intéressés des ordres de l’autorité publique, transmission à l’autorité publique des renseignements locaux dont elle a besoin, confection et revision de la liste des électeurs et de la liste des conscrits, coopération aux mesures de sûreté générale. Des collaborations du même genre sont imposées au capitaine d’un navire marchand, aux administrateurs d’un chemin de fer, au directeur d’un hôtel garni ou même d’une usine, et cela n’empêche pas la compagnie qui exploite le navire, le chemin de fer, l’hôtel garni ou l’usine d’avoir la pleine propriété et la libre disposition de son capital, de tenir des assemblées, de voter des résolutions, d’élire des administrateurs, de nommer son gérant, de gouverner ses affaires, de garder intacte cette précieuse faculté de posséder, de vouloir et d’agir, qu’on ne peut perdre ou aliéner sans cesser d’être une personne. Rester une personne, tel est le premier intérêt et le premier droit de toutes les per-