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LE RÉGIME MODERNE


toriques contribuent au décor du règne. Napoléon en racole beaucoup et des plus illustres, dans la vieille noblesse de cour, de robe et d’épée ; il peut énumérer : parmi ses magistrats, M. Pasquier, M. Séguier, M. Molé ; parmi ses prélats, M. de Boisgelin, M. de Barral, M. de Belloy, M. de Roquelaure, M. de Broglie ; parmi ses officiers, M. de Fézensac, M. de Ségur, M. de Mortemart, M. de Narbonne[1] ; parmi les dignitaires de son palais, aumôniers, chambellans, dames d’honneur, des Rohan, Croy, Chevreuse, Montmorency, Chabot, Montesquiou, Noailles, Brancas, Gontaut, Gramont, Beauvau, Saint-Aignan, Montalembert, Haussonville, Choiseul-Praslin, Mercy d’Argenteau, Aubusson de la Feuillade, d’autres encore, inscrits dans l’Almanach impérial comme autrefois dans l’Almanach royal.

Mais ils ne sont à lui que de nom et dans l’almanach. Sauf quelques-uns, M. de Las Cases, M. Philippe de Sé-

    très bien ici l’attitude qu’il voulait leur imposer : c’était celle de clients et pensionnaires reconnaissants. Cette attitude, ils ne l’ont pas. — Rœderer, III, 482 (Rapport sur la sénatorerie de Caen, 1803) : « Les émigrés rentrés ne sont ni affectionnés, ni même satisfaits ; ils jouissent moins de ce qu’ils ont recouvré qu’ils ne s’indignent de ce qu’ils ont perdu. Ils parlent de l’amnistie sans reconnaissance et comme d’une justice imparfaite… Cependant ils paraissent d’ailleurs soumis. »

  1. Duc de Rovigo, Mémoires, V, 297. — Vers la fin, quantité de jeunes nobles avaient pris du service dans l’armée. « En 1812, il n’y avait plus un maréchal de France, ou même un général, qui n’en eût parmi ses aides de camp et dans son état-major. La presque totalité des régiments de cavalerie de l’armée était commandée par des officiers appartenant à ces familles. Déjà ils se faisaient remarquer dans l’infanterie. Toute cette jeune noblesse s’était franchement ralliée à l’Empereur, parce qu’elle se laissait facilement entraîner par la gloire. »