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LE DÉFAUT ET LES EFFETS DU SYSTÈME


fabrique ou en adopte le statut, bon ou mauvais, et qui, par ses lois, ses tribunaux et ses gendarmes, en procure l’exécution, stricte ou lâche. Partant, sur cet article, il est responsable ; à lui d’agréer ou d’imposer le bon statut, la forme sociale la plus propre à fortifier l’instinct social, à entretenir le zèle désintéressé, à encourager le travail volontaire ou gratuit.

Bien entendu, selon les différentes sociétés, cette forme diffère ; la même constitution ne convient pas à une église et à une commune, à une église protestante et à une église catholique, à une ville de cent mille âmes et à un village de cinq cents habitants. Chaque association a ses traits distinctifs et propres qui la rangent dans son espèce, selon son but spirituel ou temporel, selon son esprit libéral ou autoritaire, selon ses dimensions petites ou grandes, selon la simplicité ou la complication de ses affaires, selon la capacité ou l’incapacité de ses membres : ce sont là, chez elle, des caractères efficaces et permanents ; quoi que fasse le législateur, ils subsisteront et agiront ; ainsi, que dans chaque cas il en tienne compte. — Mais, dans tous les cas, son office est pareil ; toujours, quand il rédige ou contresigne un statut, il intervient dans le conflit prochain de l’instinct social et de l’instinct égoïste : toutes les dispositions qu’il édicte contribueront, de près ou de loin, à l’ascendant final du second ou du premier. Or il est l’allié naturel du premier, car le premier est son auxiliaire indispensable ; en toute œuvre ou entreprise utile au public, si le législateur