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LE RÉGIME MODERNE


Après lui, sous ses successeurs, le même mécanisme jouera de même, pour se casser de même, au bout d’une période plus ou moins longue. Jusqu’ici, la plus longue de ces périodes a duré moins de vingt ans[1].

    burgh, 1816, 2 vol.) — L’auteur, très bon observateur, résume ainsi le principe du système : « Donner de l’emploi, de l’animation, de l’encouragement à tous les hommes de talent, actifs et d’esprit entreprenant » : nulle autre condition ; « la naissance, l’éducation, le caractère moral, étaient complètement mis de côté ». — De là aussi le défaut général du système. « Les Français (ceci est à la lettre) n’ont pas l’idée qu’un homme puisse se charger, volontairement et sans la perspective d’une récompense, d’un devoir envers son pays. Il n’entre pas dans leurs têtes qu’un homme encoure aucune responsabilité, s’il néglige ces devoirs publics pour lesquels il ne reçoit aucun salaire régulier. » — En effet, ce sont là des fonctions publiques, accaparées par l’État et réservées par lui à ses fonctionnaires.

  1. Ceci était écrit en 1889. Aujourd’hui (septembre 1890), la République vient d’accomplir sa vingtième année. Mais, sur quatre Présidents, trois ont été forcés de se démettre, le quatrième n’a été nommé que sous la menace d’une insurrection municipale, et, l’an dernier, le gouvernement a failli périr sous une contrefaçon du 18 Brumaire.