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OBJET ET MÉRITES DU SYSTÈME


tifs de Fructidor, Barthélemy est sénateur ; Barbé-Marbois, directeur du Trésor et premier président de la Cour des comptes ; Siméon, conseiller d’État, puis ministre de la justice en Westphalie ; Portalis est ministre des cultes ; Fontanes est grand maître de l’Université. — Sur tous les antécédents politiques, le Premier Consul passe l’éponge : non seulement il appelle à lui les modérés ou demi-modérés de la Constituante et de la Législative, de la Convention et du Directoire, mais encore il recrute, parmi les purs royalistes et les purs jacobins, parmi les hommes les plus engagés dans l’ancien régime et les hommes les plus compromis dans la Révolution, aux deux extrémités des opinions les plus extrêmes. On vient de voir ses choix à droite et quels favoris héréditaires de l’antique royauté, quels serviteurs nés de la dynastie déchue il élève aux premières dignités de sa cour, de sa magistrature et de son clergé. À gauche, par delà Chasset, Rœderer et Grégoire, par delà Fourcroy, Berlier et Réal, par delà Treilhard et Boulay de la Meurthe, il emploie des hommes flétris ou marqués par de terribles actes, Barère lui-même, du moins pendant quelque temps, et dans le seul emploi dont il soit capable, celui de dénonciateur, gazetier et souteneur de l’esprit public ; à chacun son emploi, selon ses facultés ; à chacun son rang, selon son utilité et son mérite. En conséquence, Barère demeure espion et pamphlétaire à gages ; Drouet, le maître de poste qui arrêta la famille royale à Varennes, devient sous-préfet à Sainte-Menehould ; Jeanbon-Saint-André, qui fut