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L’ANCIEN RÉGIME


paysans acquéreurs leur ont volontairement restitué leurs terres au prix d’achat. — Autour de Paris, près de Romainville, après le terrible orage de 1788, on prodigue les aumônes ; « un homme fort riche distribue aussitôt pour son compte quarante mille francs aux malheureux qui l’entourent » ; pendant l’hiver, en Alsace, à Paris, tout le monde donne ; « devant chaque hôtel d’une famille connue brûle un vaste bûcher, où nuit et jour les pauvres viennent se chauffer ». — En fait de charité, les moines qui résident et sont témoins de la misère publique restent fidèles à l’esprit de leur institut. À la naissance du Dauphin, les Augustins de Montmorillon en Poitou ont payé de leurs deniers les tailles et corvées de dix-neuf pauvres familles. En 1781, en Provence, les Dominicains de Saint-Maximin ont nourri leur district où l’ouragan avait détruit les vignes et les oliviers. « Les Chartreux de Paris donnent aux pauvres 1800 livres de pain par semaine. Pendant l’hiver de 1784, les aumônes sont augmentées dans toutes les maisons religieuses : leurs fermiers distribuent des secours aux habitants pauvres des campagnes, et, pour fournir à ces besoins extraordinaires, plusieurs communautés ajoutent à la rigueur de leurs abstinences. » — Quand, à la fin de 1789, il s’agit de les supprimer, je rencontre en leur faveur nombre de réclamations écrites par des officiers municipaux, par les notables, par une foule d’habitants, artisans, paysans, et ces colonnes de signatures rustiques sont vraiment éloquente ». Sept cents familles de