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L’ANCIEN RÉGIME


ture[1]. Près de Fontainebleau et de Melun, à Bois-le-Roi, les trois quarts du territoire restent en friche ; presque toutes les maisons de Brolle sont en ruines, on n’y voit plus que des pignons demi-écroulés ; aux Coutilles et à Chapelle-Rablay, cinq fermes sont abandonnées ; à Arbonne, quantité de champs sont délaissés ; à Villiers et à Dame-Marie, où il y avait quatre corps de ferme et nombre de cultures particulières, huit cents arpents demeurent incultes. — Chose étrange ; à mesure que le siècle va s’adoucissant, le régime de la chasse empire ; les officiers de la capitainerie font du zèle, parce qu’ils travaillent sous les yeux et pour les « plaisirs » du maître. En 1789, cent huit remises viennent d’être plantées dans un seul canton de la capitainerie de Fontainebleau et malgré les propriétaires. Par le règlement de 1762, il est interdit à tout particulier domicilié dans l’étendue d’une capitainerie d’enclore son héritage et

  1. Marquis d’Argenson, Mémoires, éd. Rathery, 21 janvier 1757. « Le sieur de Montmorin, capitaine des chasses de Fontainebleau, tire de sa place des sommes immenses et se conduit en vrai brigand. Les habitants de plus de cent villages voisins ne sèment plus leurs terres, les fruits et graines étant mangés par les biches, cerfs et autre gibier. Ils ont seulement quelques vignes, qu’ils gardent six mois de l’année en faisant des factions et gardes jour et nuit avec tambours et charivari pour faire fuir les bêtes destructives. »

    23 janvier 1753. — « M. le prince de Conti s’est fait une capitainerie de onze lieues autour de l’Isle-Adam où tout le monde est vexé. »

    23 septembre 1753. — « Depuis que M. le duc d’Orléans jouit de Villers-Cotterets, il en a fait revivre la capitainerie, et il y a plus de soixante terres à vendre à cause de ces vexations de princes. »