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qu’un jour la période pieuse ayant été omise, on fit tout exprès une seconde communication au parlement pour l’insérer. Toutes ces tracasseries et toutes ces pédanteries indiquent à mon gré une monarchie céleste ; naturellement celle-ci ressemble à toutes les autres : je veux dire qu’elle s’appuie plus volontiers sur la tradition et sur l’habitude que sur l’examen et la raison. Jamais monarchie n’invita les gens à vérifier ses titres. Comme d’ailleurs la vôtre est utile, voulue et morale, elle ne vous révolte pas ; vous lui restez soumis sans difficulté, vous lui êtes attachés de cœur ; vous craindriez, en la touchant, d’ébranler la constitution et la morale. Vous la laissez au plus haut des cieux parmi les hommages publics ; vous vous repliez, vous vous réduisez aux questions de fait, aux dissections menues, aux opérations de laboratoire. Vous allez cueillir des plantes et ramasser des coquilles. La science se trouve décapitée ; mais tout est pour le mieux, car la vie pratique s’améliore, et le dogme reste intact.