Page:Taine - Le Positivisme anglais, 1864.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Douze cents pages m’ont exposé le jugement de Mill sur les diverses parties de la science, et l’abstraction isole son idée fondamentale, à savoir, que les seules propositions fructueuses sont celles qui joignent un fait à un fait non contenu dans le premier. Partout ailleurs il en est de même. Toujours un fait ou une série de faits peut être résolu en ses composants. C’est cette décomposition que l’on réclame lorsqu’on demande quelle est la nature d’un objet. Ce sont ces composants que l’on cherche lorsqu’on veut pénétrer dans l’intérieur d’un être. Ce sont eux que l’on désigne sous les noms de forces, causes, lois, essences, propriétés primitives. Ils ne sont pas un nouveau fait ajouté aux premiers ; ils en sont une portion, un extrait : ils sont contenus en eux, ils ne sont autre chose que les faits eux-mêmes. On ne passe pas, en les découvrant, d’une donnée à une donnée différente, mais de la même à la même, du tout à la partie, du composé aux composants. On ne fait que voir la même chose sous deux formes, d’abord en-