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tout et font tomber le petit collège municipal ; tout cela depuis 1852, principalement par les Jésuites. M. Billault a parlé à la tribune des legs qu’autorisait le gouvernement, legs qui vont à plusieurs millions chaque année : « Et tout ce qu’on ne déclare pas ! »

Nous n’avons pas d’idée de cela à Paris ; nous vivons dans un petit cercle de sceptiques instruits et spirituels ; nous ne voyons pas le gros public, la grosse France. Nous autres écrivains, nous avons besoin plus que personne d’apprendre ces faits. Qu’est-ce que peut lire un homme à redingote noire et à gants corrects de province, marchand, fonctionnaire, noble, campagnard, propriétaire ? Presque rien. Ils sont en dehors de notre vie. — Dans ce marais stagnant s’étend le filet ecclésiastique. Les vieilles dames, les pères devenus conservateurs avec l’âge, font des legs au clergé. Nulle excitation, nul renouvellement d’esprit : le culte avec ses pompes, l’habitude, le poids de la tradition, la litanie solennelle indéfiniment répétée, les ramènent à la vieille routine. De là le tapage causé par la Vie de Jésus ;