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flanqué à l’entrée de deux tours carrées terminées en pointe (style Louis XIII). Elles le défendaient sans doute autrefois.

Vers le Midi, les collines montent. L’air est si transparent, qu’on aperçoit dans un lointain énorme, comme une assise vaporeuse de nuages blanchâtres, la chaîne des Pyrénées. Ces collines, haussées les unes par-dessus les autres, font plaisir. La rivière arrive en les longeant, enveloppée de verdure riante. Cela m’a rappelé mon beau voyage — un beau et triste voyage, — j’en ai mis la partie idéale dans mon livre[1]. On fait toujours ainsi ; il n’y a que certains paysages, et encore à certains moments, qui présentent la beauté achevée. Ordinairement on n’a que des commencements de sensations, des motifs de cavatine ! Pour les avoir parfaites, il faut les corriger, les compléter. J’éprouve ici la même chose ; il y a çà et là une façade, quelques vieilles maisons en bois et en terre, quelques tourelles de la Renaissance, des églises gothiques. Mais j’aurais besoin d’achever le tableau.

Cependant, hier, l’église de Saint-Étienne, à

  1. Le Voyage aux Pyrénées.