Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/86

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’utilité, il ne l’est pas pour la vue. — Variété de culture, petits champs, propriétés divisées, médiocres récoltes, dit-on. — Le partage des terres a gâté le paysage.

Ce qu’il y a d’intéressant, ce sont les constructions ; on sent le voisinage de l’Italie, la clémence du climat. Les toits sont presque plats ; il n’y a pas de neige l’hiver. Beaucoup de maisons ont deux ailes, ce qui leur donne tout de suite un caractère. Plusieurs ont des péristyles, de longs balcons, des avançages pour prendre le frais le soir. Les clochers sont carrés ; quelques-uns, neufs, s’élancent bien, et dans ce beau ciel, sous cette riche lumière, leur blancheur, leur propreté, leur taille effilée sont agréables à voir. Les cloches ne sont point enfermées dans un clocher ; on élève seulement une sorte de mur isolé percé à jour. Parfois une tour, quelques jolis châteaux à pavillons et à tourelles. — Il y a ici une sorte de sentiment de l’architecture.

Mais je sens bien que pour mon compte, mon vrai, mon profond plaisir me viendra toujours des forêts et des fleuves. — Je ne suis pas un homme du Midi, mais du Nord.