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TRAVERSÉE DU JURA


C’est un autre sol, un autre ciel, un autre monde : les toits des maisons se redressent, pour laisser glisser la neige d’hiver ; ils se rabattent à demi sur les pignons pour protéger les crépis contre les pluies obliques. Toute l’habitation se hérisse et se cuirasse de tuiles d’un rouge sombre, forte couleur de bataille. Aux alentours tout est vert, les plaines, les coteaux, les tournants, jusqu’à la crête des montagnes, d’un vert terne et mouillé, éternellement nourri par la brume coulante. Rien ne peut rendre la force du contraste pour un homme qui quitte les montagnes blanches et pelées du Midi. Pas une teinte n’est semblable. Le vert des