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tristesse qui est celle de la vie animale au repos.

Un beau tombeau d’Apollon. Au-dessus, les neuf Muses debout, bien mutilées, mais sveltes, allongées comme des femmes du Primatice, la draperie collante avec les plus vifs et les plus élégants mouvements du corps qui fléchit, de la hanche qui se lève, du genou qui plie. Le bel art ! Combien naturel et vivant, et quelles idées de vie heureuse et simple il fait naître !

Les tombeaux chrétiens des IIIe et IVe siècles sont singulièrement instructifs par contraste. Est-il possible que deux siècles aient amené une pareille décadence ! Têtes trop grosses, pieds mal attachés et mal proportionnés, raideur des corps, cuisses maladroites, expressions niaises. Ce n’est plus de l’art.

Saint-Trophime. — La façade est à pignon, italienne, rappelant Sienne et Pise, avec l’impression d’élégance et de solidité propre à cette architecture. Le portique, quoique très barbare pour les sculptures, est un chef-d’œuvre. C’est un fronton antique orné, soutenu