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Courbet, les Ricard, à l’exposition de Toulouse ; ceux-ci ont notre style, ils sentent et cherchent les petites nuances, les étranges aspects. — C’est le style de Balzac et de Michelet en littérature.

Les deux tableaux de Couture et d’Eugène Delacroix m’ont fait peu de plaisir ; évidemment ce sont des tâtonnements ou des improvisations. Ils ne savent pas assez.

Mes nouveaux amis m’ont conduit à l’exposition pour voir la salle ; elle est dans l’ancien couvent des Jacobins, nettoyé depuis un an : on en avait fait une caserne de cavalerie. C’est un édifice énorme de briques rouges, avec des contreforts massifs également rouges, presque aveugle, la plupart des fenêtres ayant été bouchées. Il est de 1238 et a été bâti pour les Dominicains inquisiteurs (même on m’a donné sur ce sujet quantité de brochures avec une histoire de femme malade, brûlée vive, qui est admirable).

L’église est un chef-d’œuvre du style le plus original. Elle est divisée en deux nefs par une file de colonnes rondes d’une énorme hauteur,