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Aujourd’hui rien de neuf, sinon une vive impression de plaisir dans le Perche et à l’entrée du Mans : le pays n’est que collines, collines vertes où coulent de petits ruisseaux bordés d’aulnes, tout en pâturages, et chaque pré séparé des autres par une haie d’arbres forestiers, surtout de chênes. Ces chênes sont de tout âge et de toute forme, amples et élancés, parfois étêtés et trapus, mais d’une verdeur incomparable. Lieue après lieue, le vert ne cesse pas. Les têtes rondes, verdoyantes, apparaissent jusqu’au bout de l’horizon ; quelquefois un bois de pins passe, ajoutant sa fraîcheur inépuisable. La vieille poésie de la nature vierge subsiste encore à demi ; l’homme n’a pas dévoré toute la forêt primitive ; il en a gardé la lisière, et les chênes y sont aussi libres et aussi vivants qu’au premier jour.