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se dissipe, parmi les dos ardoisés des bancs de nuages et les crêpes déchirés des vapeurs qui roulent, ou s’égouttent en se fondant. Il y a de ces maisons qu’on regarde vingt fois comme un visage animé, et qu’on voudrait peindre : rien de plus, elles suffiraient. Les tableaux flamands sont d’un sentiment tout pareil : très doux et très simple.

Les servantes lavent et nettoient partout. Les plus pauvres gens eux-mêmes, une fois au moins par an, à la fête de Gayant, lavent toute leur maison, intérieur et extérieur. Il faut retenir six mois à l’avance les peintres et les vernisseurs.

Plusieurs jardins sont vastes et charmants, et regorgent de plantes vertes qu’on aperçoit entre le rouge et le brun vif des maisons voisines, les formes originales et vivement tranchées des toits. Beaucoup de rues solitaires, presque immaculées, font plaisir à voir, toutes rayées de rouge, de blanc, de brun, et régulièrement comme une étoffe neuve.

Tracasseries, cancans, petites rivalités, indiscrétions, médisances et surveillances, voilà les