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à ce musée, parmi une multitude d’œuvres douteuses ou de croûtes, — un beau Philippe de Champaigne ; il me semble que tous ces peintres français sont des hommes de cabinet, d’étude, de sérieux bourgeois laborieux et non, comme ceux d’Italie, de simples artistes. Voyez par contraste le grand tableau sévère de Secchi : Sixte-Quint porté en habit de cérémonie par une douzaine de forts coquins rougeauds à collerettes. Voilà tout de suite une franche et large idée de peintre, un grand morceau de la vie réelle, découpé, transporté sur la toile, sans philosophie ni théorie préalables, et n’arrivant à l’esprit que par les yeux.

La porte du palais des anciens ducs (XVe siècle) est charmante : riche, ornementée, originale et sincère. La chapelle où sont leurs tombeaux est un étrange éteignoir, une sorte de haute cheminée conique, où deux ou trois cents figures d’anges mignards et fades pyramident comme des files de jambons. Les coffrets noirs où sont les cendres, ressemblent à des